D’après les projections, en France, 10 millions de personnes devraient souffrir d’arthrose à l’horizon 2050. Actuellement, aucun traitement ne permet de guérir cette maladie dégénérative qui altère le cartilage des articulations. Mais les chercheurs explorent de nouvelles pistes thérapeutiques prometteuses, basées entre autres sur un dérivé de l’angiopoïétine-like 3. Explications.
L’arthrose, une maladie dégénérative de l’articulation, sans traitement définitif
L’arthrose est une pathologie articulaire dégénérative, qui s’attaque aux cartilages et aux structures articulaires provoquant des douleurs importantes et une incapacité fonctionnelle progressivement invalidante. Véritable enjeu de santé publique, cette maladie reste encore aujourd’hui sans traitement définitif. La prise en charge repose pour l’instant sur:
- le soulagement des douleurs ;
- la réduction de l’inflammation locale ;
- la rééducation pour maintenir le plus longtemps possible les capacités fonctionnelles.
Parallèlement, les chercheurs multiplient les études pour mettre au point de nouvelles stratégies thérapeutiques. Et récemment, l’une des pistes explorées s’est révélée prometteuse. Il s’agit d’un dérivé de l’angiopoïétine-like 3. L’angiopoïétine-like 3 est une protéine qui intervient dans le métabolisme des lipides et favorise le stockage lipidique dans le tissu graisseux.
Un dérivé de l’angiopoïétine-like 3, une piste prometteuse contre l’arthrose du genou
Dans une étude, les chercheurs ont montré qu’un dérivé de l’angiopoïétine-like 3 pouvait être un puissant inducteur de la chondrogenèse, c’est-à-dire de la formation du cartilage. In vitro, ce composé favorise la synthèse de la matrice cartilagineuse et permet la régénération du cartilage articulaire in vivo :
- sur des modèles précliniques d’arthrose ;
- sur des lésions cartilagineuses.
Les chercheurs ont ensuite testé ce dérivé de l’angiopoïétine-like 3 dans un essai clinique de phase 1 sur 28 patients atteints d’arthrose du genou. Les patients ont reçu par voie intra-articulaire, soit le dérivé, soit un placebo. Les résultats obtenus sont très encourageants et suggèrent que le dérivé de l’angiopoïétine-like 3 pourrait devenir une alternative sûre et efficace dans le traitement de l’arthrose. Reste désormais à valider son efficacité et son innocuité dans les essais cliniques de phases 2 et 3. Un essai clinique de phase 2 a déjà commencé !
Plusieurs nouveaux traitements contre l’arthrose pourraient bientôt être disponibles
Et les nouvelles pistes contre l’arthrose ne s’arrêtent pas là. D’autres études ont récemment mis en évidence des substances ou des techniques potentiellement intéressantes :
- le bloc des nerfs géniculés, une intervention qui pourrait réduire les douleurs liées à l’arthrose;
- la sprifermine, un facteur de croissance du cartilage, actuellement l’objet d’un essai clinique au long cours avec des résultats attendus dans les prochains mois ;
- le dénosumab dans l’arthrose des doigts, avec des résultats récents qui confirment son intérêt.
Néanmoins, tant que les essais cliniques ne sont pas menés à leur terme, il faut rester prudent. Nombre de nouvelles molécules ont été testées contre l’arthrose, puis ont été abandonnées, par manque d’efficacité ou à cause des effets secondaires. Le dénosumab contre l’arthrose digitale et le dérivé de l’angiopoïétine-like 3 contre la gonarthrose semblent actuellement les deux pistes les plus prometteuses. Parallèlement, il ne faut pas sous-estimer le rôle primordial de l’activité physique, à la fois en prévention et en traitement de l’arthrose.
Estelle B., Docteur en Pharmacie
