Même la prothèse du genou va devenir connectée !

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Rédigé par Julie P. et publié le 1 février 2018

Le vieillissement de la population et l’obésité grandissante laissent à penser que la pose de la prothèse du genou est un acte chirurgical qui va s’accroitre considérablement. D’ici une dizaine d’années, on prévoit que le nombre de ces interventions orthopédiques va être multiplié par un facteur 6 en France. Pour répondre à ce défi de santé publique, une équipe de chercheurs de l’INSERM (Institut National de Santé et de Recherche Médicale) de Brest, en coopération avec un ensemble de partenaires privés et publics, viennent de lancer le projet d’élaboration d’une prothèse connectée nommée FollowKnee (suivi du genou). Zoom sur le projet qui ambitionne de commercialiser la prothèse du genou d’ici 5 ans.

Rééducation après la pose d'une prothèse du genou

Genou réparé, genou augmenté

Le projet de l’invention de la prothèse du genou connectée FollowKnee vient d’être lancé officiellement en cette fin janvier 2018. C’est une innovation de pointe puisque seuls deux laboratoires dans le monde, dont ici le LaTIM (Laboratoire de Traitement de l‘Information Médicale, unité Inserm 1101), travaille sur ce sujet.

Par ailleurs, l’équipe brestoise du LaTIM est à l’origine de ce projet auquel participe l’Inserm, mais également l’Université de Bretagne occidentale (UBO), le centre de recherche IMT Atlantique, ainsi que plusieurs entreprises innovantes

Grâce aux 24 millions d’euros provisionnés, dont un tiers est apporté par l’État, l’équipe pluridisciplinaires (chercheurs, chirurgiens orthopédiques, kinésithérapeutes, fabricants de prothèses et d’implants, ingénieurs en électronique, bio-ingénieurs, informaticiens etc…) se lancent le défi de :

  • Réussir à mettre au point des prothèses sur mesure grâce à l’impression 3D et à partir de clichés réalisés par scanner ;
  • Intégrer dans la prothèse des capteurs miniatures de mesure de pH et de température ;
  • Relier via Bluetooth les données enregistrées vers une application smartphone qui sera consultable par le patient mais aussi par les professionnels de santé encadrant le patient opéré (kinésithérapeute, chirurgien, médecin traitant) ;
  • Réaliser une étude clinique sur 220 patients munis de la prothèse connectée au CHRU de Brest d’ici 3 ans.

À savoir ! Avec l’impression 3D, l’encre est ici remplacée par une poudre (titane, polyuréthane ou tout autre type de poudres) et la prothèse peut être créé en couches successives.

« Pour le patient, la prothèse du genou connectée signifie plus de sécurité. Il pourra ainsi récupérer à domicile, via son smartphone, des informations relatives à sa prothèse qu’il pourra transmettre à son kinésithérapeute lors de la rééducation et, s’il le souhaite, à son chirurgien » explique Eric Stindel, directeur du LaTIM et porteur du projet.

Grâce à ces capteurs intégrés dans la prothèse, il sera désormais possible de :

  • Détecter une infection localisée ;
  • Repérer une défaillance mécanique (frottement, usure) ;
  • Ajuster les séances de rééducation et de réadaptation fonctionnelle.

Quand est-ce que la prothèse du genou devient nécessaire ?

La pose d’une prothèse du genou est conseillée en cas de lésions graves (accidents traumatiques par exemple), d’arthrose du genou réfractaire aux traitements existants, ou encore, en cas de polyarthrite rhumatoïde.

À savoir ! La prothèse totale du genou est constituée d’éléments métalliques (pièce fémorale et tibiale) séparée par un coussinet central en plastique restaurant la fonction du cartilage.

Même si les chirurgiens s’aident de l’imagerie médicale pour évaluer le besoin du patient en termes de mise en place d’une prothèse du genou, c’est avant tout la gêne fonctionnelle occasionnée (monter les escaliers, marcher, rester en station assise) et la douleur ressentie qui sont prises en compte.

Pour une prothèse classique et totale, cette opération chirurgicale nécessite 2 heures d’intervention, une hospitalisation d’une dizaine de jours et un renouvellement de la prothèse dans un délai de 12 à 20 ans en fonction de son utilisation.

Globalement, un mois de rééducation sérieuse et quotidienne est conseillé et peut être suivi par un à deux mois de réadaptation fonctionnelle.

En France, en 2013, 80 819 prothèses totales du genou ont été implantées.

Les prothèses du genou toujours plus performantes, grâce à la qualité des matériaux utilisés et la faculté à restaurer véritablement la fonctionnalité articulaire, incitent désormais les moins de 55 ans à opter pour une intervention précoce et ne pas rester dans une forme de fatalité de la « souffrance articulaire du genou ».

Au final, il ne nous reste plus qu’à souhaiter « bonne chance » à ce projet audacieux qui compte révolutionner la chirurgie prothétique du genou !

Julie P. Journaliste scientifique

– Vers une prothèse connectée du genou qui signale une infection ou un défaut mécanique. fr. Marielle Ammouche. Egora Le 24 janvier 2018.
– Lancement d’un projet de prothèse du genou connectée. INSERM Consulté le 29 janvier 2018
– La prothèse du genou : un acte au quotidien. SOFCOT Consulté le 30 janvier 2018.