Vous posez la question angoissante de l'hérédité dans l'arthrose.
Il y a à mon avis deux réponses :
- certaines formes d'arthrose ont un caractère héréditaire affirmé. L'arthrose des doigts en fait partie et l'on connaît de façon presque certaine la localisation de l'anomalie génétique sur le chromosome en cause. Il en est de même pour certaines arthroses de hanches familiales, notamment en Islande ou dans un état des USA, le Michigan. Là encore, l'anomalie génétique est pratiquement localisée sur un chromosome. Il en va de même pour les arthroses secondaires à des anomalies génétiques, telles que luxation congénitale de hanche, dysplasies osseuses diverses qui vont faire le lit de l'affection.
- globalement, l'arthrose n'est pas héréditaire puisqu'elle provient d'une fissuration du cartilage apparaissant après un traumatisme ou des microtraumatismes répétées, puisqu'elle augmente en fréquence avec l'âge, sans qu'elle soit toujours symptomatique d'ailleurs.
Il est cependant possible que, dans quelques années, on découvre une anomalie dans la fabrication d'un des éléments du cartilage, tel que le collagène, à l'origine d'un manque de solidité de ses chaînes qui se casseront plus facilement pour une pression imposée moindre. On sait que cette fabrication est codée génétiquement avec ses conséquences sur la transmission héréditaire.
L'obésité est un facteur de risque pour l'arthrose des membres inférieurs et de la colonne lombaire. C'est en plus un facteur d'aggravation de l'intensité des symptômes et de la rapidité d'évolution. Il est donc certain que vous devez surveiller votre poids. Cela est d'ailleurs valable pour beaucoup d'autres maladies. Quant à vous dire s'il
existe un régime préventif, à ma connaissance il n'y en a pas dans l'arthrose primitive à la différence des arthroses secondaires d'origine métabolique.
Certaines formes d'arthrose : des hyper arthroses ou hyperostoses se voient plus fréquemment sur des terrains métaboliques comportant une glycémie limite, des triglycérides, du cholestérol et de l'acide urique élevé. L'excès de vitamine A que l'on trouve dans le beurre par exemple, comme le diabète, sont accusés de favoriser l'hyperostose vertébrale avec sa forme de coxarthrose engainante.
Dans votre cas, un cliché dans six mois à 1 an, selon la réponse au traitement, pourra donner une idée sur la vitesse d'évolution de votre arthrose. Continuez à mener une vie normale pour l'instant !
Oui, l'arthrose de la hanche s'appelle la coxarthrose.
Son évolution se fait lentement sur des années et il est fort à parier que, si le diagnostic est aussi récent, il reste de nombreuses années devant vous avant de parler de prothèse, en moyenne 7 à 10 ans.
Il faut mettre à profit ces années pour essayer tous les traitements qui sont à votre disposition et vous enlever rapidement l'idée de la chaise roulante, ce que l'on voit rarement, vous en conviendrez, au quotidien.
Il est probable qu'au bout du chemin se profile la prothèse qui ne sera bien accueillie que si vous êtes très gênée. Quelques signes permettent de l'envisager rapidement : absence d'amélioration des douleurs malgré un anti-inflammatoire associé à 3 grammes de paracétamol ou équivalent, impossibilité de mettre chaussettes ou bas, périmètre de marche inférieur à 500-1000 mètres, tout ceci constituant un handicap lourd à porter au quotidien mais transformé par la chirurgie. Les gestes locaux, tels qu'infiltrations de corticoïdes ou d'acide hyaluronique peuvent être très utiles. Les anti-arthrosiques à action symptomatique lente doivent être essayés et en cas d'amélioration poursuivis. La kinésithérapie doit être entreprise et l'on peut recourir aux cures thermales. Les antalgiques restent de règle, associés au cours des poussées congestives aux anti-inflammatoires très utiles malgré leur mauvaise presse. On entend souvent les patients dire qu'ils ne prennent rien de peur de s'habituer à des médicaments qui n'auront plus d'effets en cas d'aggravation ultérieure. C'est un mauvais principe : on s'habitue plus à la douleur qu'aux médicaments et si ceux-ci ne sont plus efficaces, c'est que la maladie a évolué nécessitant un nouveau bilan clinique et radiologique. Tant qu'il n'y a pas d'érosion osseuse sur votre tête fémorale, ce qui se juge sur des radiographies simples bien étudiées dans diverses incidences, il n'y a généralement pas lieu d'opérer.
Bon courage, pas de catastrophisme, les médecins et chercheurs pensent à vous !
L'arthrose est-elle une " maladie " ?
Oui, parce qu'elle évolue vers le handicap fonctionnel altérant la qualité de vie sans modifier le nombre des années à souffrir !
Non, parce qu'il s'agit d'une tentative de réparation avec reconstruction sur des pièces mécaniques rendues défectueuses par défaut de fabrication, mauvais entretien, surmenage, surcharge aboutissant à des fissures dans les zones de glissement.
Mais si l'on ne " guérit " pas, le médecin est avec vous pour vous aider à supporter cette arthrose en diminuant douleurs et handicap avec des moyens qui ne cessent de s'améliorer.
Continuez à rester actif sans prise de médicaments puisque vous n'en éprouvez pas le besoin pour l'instant.
Par contre, votre voisin qui est dans les travaux publics, à condition que du fait de son poste il ait eu à utiliser pendant un temps dit " d'exposition " suffisant (fixé par la législation) des engins pneumatiques comme un marteau piqueur, peut parfaitement relever de la maladie professionnelle. L'arthrose du coude symptomatique est rare et correspond la plupart du temps à des microtraumatismes répétés comme peut l'induire un engin pneumatique. Cette arthrose était fréquente chez les boulangers avant la mécanisation pour le pétrissage. Des études paléontologiques sur des dépouilles mortuaires remontant à plusieurs siècles ont montré que cette affection n'était pas rare autrefois, périodes anciennes où le travail manuel était de règle en l'absence de machines. Le rôle des microtraumatismes dans l'arthrose est ainsi bien souligné.
1) votre père souffre probablement de lombalgies invalidantes sequellaires de hernies discales répétées et l'on peut simplement dire qu'il n'a pas eu de chance. Peut-être pourrait-on le rassurer en lui disant que généralement les lombalgies invalidantes semblent s'améliorer avec l'age ? Il est probablement atteint d'une discarthrose qui évolue lentement vers la soudure vertébrale, à moins qu'un chirurgien n'ait déjà tenté une arthrodèse vertébrale au cours des cures multiples de hernie discale, ce qui a constitué un échec puisqu'il n'y a pas eu d'amélioration. Il est probablement dépressif de surcroît face à tous ces échecs. De toutes façons, la hernie discale n'est pas une affection héréditaire. C'est une complication au cours d'une discopathie traumatique.
2) votre mère a sûrement subi le " coup du lapin " au cours de son accident. Il s'agit alors d'une arthrose localisée au niveau d'un espace entre deux vertèbres. Cette lésion post-traumatique fréquente n'est pas synonyme d'arthrose généralisée ultérieure, reste compatible, comme vous le voyez, avec une activité normale. On ne peut que vous conseiller d'éviter ce type d'accident et de suivre l'exemple de votre mère sans soucis pour cette arthrose.
3) votre sœur, qui n'a semble-t-il pas d'arthrose, a dû subir une transposition de la tubérosité tibiale pour ré-axer la rotule. Cette intervention pratiquée pendant de longues années est un peu oubliée actuellement parce que la plupart des chondropathies douloureuses qui en bénéficiaient s'améliorent généralement spontanément vers 25, 30 ans avec de la rééducation, parce qu'il n'est pas sûr que cela préviendra l'arthrose ultérieure, parce que la cicatrice est souvent gênante surtout chez les jeunes femmes, parce qu'il y a eu beaucoup d'échecs. Il faut la rassurer et lui demander de reprendre ses activités. Une cicatrice s'oublie avec le temps.
Pour ce qui vous concerne et à votre âge, il n'y a pas de risque d'arthrose. Cette affection apparaît au niveau des membres inférieurs, la plupart du temps après la cinquantaine. Au niveau de la colonne, elle est souvent plus précoce parce que généralement liée à des détériorations discales post-traumatiques, mais elle est globalement de mieux en mieux supportée à mesure que l'âge avance.
Plusieurs médicaments existent dans cette classe thérapeutique :
- chondroïtine-sulfates.
- glucosamine
- diacérhéine
- insaponifiables du soja et avocat
Ils sont destinés à améliorer de façon progressive les symptômes de l'arthrose : douleur et raideur. Ils agissent lentement et leur effet se voit au bout de quelques semaines par la diminution de la prise concomitante des antalgiques. Néanmoins, si au bout de quelques mois, la prise d'antalgiques n'a pas diminué, il est logique de changer de médicament avec l'espoir qu'un autre aura plus d'effet.
Ces médicaments ont l'avantage d'être généralement très bien tolérés.
Bien entendu, il existe d'autres traitements de l'arthrose :
- les antalgiques (dont l'aspirine) présente l'intérêt d'avoir un effet immédiat sur la douleur
- les anti-inflammatoires
Ceux-ci sont à réserver aux poussées de l'arthrose et sont à utiliser par période courte de 2 à 4 semaines. L'apparition de la nouvelle classe des COX 2 a changé le mode de prescription de ces médicaments puisque la diminution des risques gastriques autorisent en effet des périodes de prescription plus longues.
- les infiltrations locales de corticoïdes. A utiliser au cours des poussées d'arthrose.
- les infiltrations d'acide hyaluronique
Celles-ci sont à faire en dehors des poussées d'arthrose et si les traitements classiques sont mal supportés ou insuffisants.